Emmanuel Macron à l’épreuve du feu, à Garons
Le Président de la République Emmanuel Macron, était en déplacement ce vendredi à la base aérienne de Sécurité Civile de Nîmes-Garons. L’occasion pour le Chef de l’Etat de rencontrer les soldats du feu et de se renseigner sur les techniques d’intervention.
Accompagné ce vendredi par les trois ministres concernés par la question des feux de forêt et végétation (M. Marc FESNEAU, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, M. Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et de Mme Dominique FAURE, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité), Emmanuel Macron est venu se rendre compte de la mise en oeuvre des annonces qu’il avait fait en octobre.
Ce dossier donnera la parole aux acteurs majeurs de la lutte contre les feux de végétation (Marie-Françoise Lecaillon, Préfète du Gard, Colonel Carret, Directeur du SDIS 30, Laurent Burgoa, Sénateur du Gard, Alexandre Pissas Président du Conseil d’administration du SDIS depuis 30 ans et Cédric Clémente, Maire de Lirac et président des Communes Forestières). Et présentera les différentes stratégies et outils utilisés en 2023, pour prévenir et combattre les incendies de forêt dans le Gard, ainsi que les annonces dévoilées par le Président de la République dans le cadre de son déplacement à la base aérienne de sécurité civile de Nîmes Garons.
A son arrivée, le Président de la République a été accueilli par la Préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon. Après un dépôt de gerbe en hommage aux soldats du feu décédés.
Le chef de l’Etat a ensuite assisté à une démonstration sur le tarmac avec le déploiement des forces de l’ONF sur un feu naissant puis de 3 colonnes de Sapeurs-Pompiers, de 4 canadairs, 1 hélicoptère et 1 dash.
Virginie Schwarz, Directrice de Météo France a ensuite présenté au Président de la République la météo des forêts qu’il avait annoncé en octobre et qui est mise en place aujourd’hui. La directrice de Météo France a alors expliqué que « l’aggravation des zones de risque liées au réchauffement climatique se déplacent vers le Nord ». « Il est important dans ce contexte de sensibiliser et informer la population ».
C’est la raison pour laquelle, deux cartes seront publiées chaque soir de juin à septembre à 17 heures. Le code couleur sera le même que celui utilisé pour les vigilances météorologiques.
A l’issue de cette séquence, Emmanuel Macron a pris la parole face au personnel mobilisé au plus près des feux. L’occasion pour le Président de la République d’annoncer le co financement par l’Etat de 1100 engins (66% de co-financement aux côtés des SDIS) afin de permettre aux départements d’être mieux équipés.
Dans sa prise de parole, le chef de l’Etat a également annoncé l’installation d’un simulateur de canadair et la livraison de 2 nouveaux engins en 2027.
Emmanuel Macron s’est ensuite longuement entretenu avec les professionnels puis avec les élus.
Le détail des annonces faites par le Président de la République :
Les avancées en matière de lutte contre les feux de forêts
- Le rapport commandé par le Président de la République lui sera remis le vendredi 2 juin,
et ouvre la voie à une transformation de la sécurité civile ; - Le dispositif d’analyse météorologique (météo des feux de forêts) de la zone Sud a été
étendu dès 2024 à la zone Ouest avec des renforcements de moyens humains ONF et Météo
France, permettant d’améliorer significativement les actions de préventions et de lutte contre
les départs de feux ; ces outils permettent une analyse très fine des situations locales,
permettant de prépositionner des forces au plus près des zones de risques. - Un centre de coordination des moyens aériens (extension du COGIC) a été ouvert sur la
base de sécurité civile de Nîmes Garons ; - Les moyens aériens ont été renforcés pour la saison 2023 : 47 appareils en 2023 contre 38
en 2022 ; - Le nombre de colonnes de renfort feux de forêts a été porté de 44 à 51, soit 3660 sapeurs-
pompiers et sapeurs-sauveteurs en renfort des effectifs locaux ; - Le protocole HEPHAISTOS (mise à disposition de personnels et militaires par le
MINARM) a été revu pour permettre l’engagement des forces sur l’ensemble du territoire et
pour augmenter les capacités déployées ; - Des mesures spécifiques Zone Sud-Ouest ont été prises. Pour cet été, seront positionnés sur
Bordeaux :
▪ 1 hélicoptère lourd dès le 1er juin
▪ 1 DASH et 4 air-tractor dès le 1er juillet
▪ 1 détachement d’intervention retardant
- La mise en place du pacte capacitaire : suite aux demandes exprimées par les services
d’incendie et de secours (SIS), ce sont plus de 1100 engins et matériels de lutte contre les
feux de forêts qui feront l’objet d’un cofinancement SIS-Etat. Les notifications de
financement par le ministère de l’Intérieur sont en cours. - La création de la 4ème unité militaire de sécurité civile dans la zone Sud-Ouest. Une
commission zonale s’est réunie le 30 mai dernier. Les projets sont en cours d’examen. Le
renouvellement de la flotte de canadair est engagé. - La parution prochaine des décrets permettant la création d‘une indemnité de
mobilisation opérationnelle pour les sapeurs-pompiers professionnels et le doublement de
la subrogation pour les employeurs de sapeurs-pompiers volontaires.
2- Les avancées en matière de gestion des forêts pour prévenir les incendies - Le renforcement des obligations légales de débroussaillement (OLD), permettant
d’éviter les départs de feux : une proposition de loi est en cours de finalisation. Ce texte
renforce les obligations de débroussaillement, simplifie les contrôles et durcit les sanctions
en cas de non-respect des OLD (passage de 30€ à 50€ de l’amende par m2 non débroussaillé),
impose un débroussaillement important autour des sites SEVESO, et permettra, couplé à des
campagnes d’information, d’être plus efficace. Dès le mois de mars, des actions de
sensibilisation et d’information ont été conduites sur tous les territoires concernés. - Concernant la forêt de la Teste-de-Buch, sous statut juridique particulier, un schéma de
défense de forêt contre les incendies (DFCI) est en cours de mise en œuvre pour améliorer
le déploiement des moyens de prévention et de lutte contre les feux de forêts - Concernant le reboisement, il n’a pas démarré pour les forêts touchées par les incendies de
2022, puisqu’il faut en général 1 à 2 ans de travaux de défrichement / dépollution avant de
pouvoir replanter. Ces travaux sont bien avancés sur les principaux sites touchés (Gironde,
Bretagne, Jura, bassin méditerranéen…) - 150 M€ ont été mobilisés par France 2030, dont 66% sont pris en charge par l’Etat, via des
fonds gérés par l’ADEME. Ils permettent de financer des projets de reboisement pour les
forêts sinistrées. Initialement prévu pour faire face aux scolytes, le dispositif est élargi aux
forêts touchées par les incendies. Un premier bilan sera fait à la fin de l’année. - La consolidation des pépinières pour produire en France les 100 millions de plants par an
nécessaires à la mise en œuvre de l’engagement d’un milliard d’arbres est en cours de
déploiement. 5,3 millions d’euros sont prévus permettant de financer une centaine de projets
partout sur le territoire. - La prévention et l’information des Français, avec notamment le lancement d’une météo
des forêts en version grand public, qui sera lancée ce vendredi et diffusé tous les jours
gratuitement par Météo France, sur le modèle des cartes de vigilance que les Français
connaissent bien. Pour la première fois, la Campagne d’information sur les bons gestes à
adopter sera diffusée à la télévision pendant la saison estivale. - Plantation d’un milliard d’arbres d’ici 2030, plusieurs dispositifs ont été engagés pour
amorcer la dynamique, à la fois dans les forêts sinistrées, mais aussi pour la nature en ville
avec le fonds vert. Les plantations ayant lieu généralement à l’automne, un premier bilan
pourra être fait en octobre 2023.
Le Bilan de l’année 2022 :
En matière de lutte contre les feux de végétation, c’est 2019 qui fait référence avec une année record : de très nombreux feux, un record de chaleur à Gallargues-le-Montueux (45,9°C) et la mort tragique de Franck Chesneau dans le crash de son tracker sur le feu de Générac le 2 août 2019.
La pandémie de Covid-19 jouant, les années 2020 et 2021 se sont avérées moins embrasées.
Malheureusement, en 2022, les feux étaient de nouveau présents en nombre dans le Gard.
Les moyens aériens engagés passent de 38 appareils disponibles en 2022 à 47 appareils disponibles en 2023. Dans le détail, deux avions DASH ( avion de ligne modifiés afin de pouvoir larguer de l’eau ou du retardant durant la saison estivale), 3 hélicoptères bombardiers d’eau et 4 air-tractor (petits appareils).Ces 9 nouveaux appareils ont été présentés ce vendredi au Président de la République, qui a également assisté à une démonstration dynamique de simulation d’une intervention sur un feu de végétation.
L’autre engagement qui a été pris par le Président de la République, c’était le renforcement des moyens supplémentaires humains.
Notre pays se voit doté de 7 colonnes supplémentaires venant en renfort des hommes déjà présents dans chaque départements. Le nombre de colonnes passe ainsi de 44 colonnes en 2022 à 51 colonnes en 2023. Cela représente un total de 3 660 pompiers de renfort mobilisables.
Laurent Burgoa, Sénateur du Gard et Vice-Président de la Commission Spéciale de Lutte contre le risque incendie au Sénat : « Feux de forêt et de végétation :une loi pour prévenir l’embrasement. »
Suite aux mégas feux qui ont touché la Gironde en 2022, le Sénat a lancé la commission spéciale présidée par Jean Bacci et qui a adopté le 28 mars 2023 la proposition de loi, visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie, suivant les orientations de ses rapporteurs Anne Catherine Loisier, Pascal Martin et Olivier Rietmann et intégrant plusieurs suggestions des commissaires. Cette initiative sénatoriale récente (décembre 2022) est le fruit des recommandations législatives de la mission de contrôle constituée en mai 2022, à l’initiative de la commission de l’aménagement du territoire et de la commission des affaires économiques du Sénat (rapport d’information, août 2022).
Lors de ses travaux préparatoires, la commission spéciale a conduit un cycle d’auditions pour entendre les principaux acteurs concernés, qui ont accueilli très positivement le texte. Elle en a donc approuvé largement les grandes lignes, y apportant quelques modifications pour en améliorer l’économie et l’enrichir d’utiles compléments, adoptant 73 amendements regroupés en 4 axes destinés notamment à :
• tirer les leçons des retours d’expérience des feux en 2022, notamment après l’épisode dévastateur qui a embrasé la Gironde en juillet dernier ;
• consacrer le rôle essentiel des sylviculteurs et des agriculteurs dans la prévention ;
• intégrer la stratégie nationale et interministérielle « incendies » dans notre politique de gestion de l’eau et de protection de la biodiversité ;
• renforcer le caractère dissuasif des sanctions, en cas d’absence de mise en œuvre ou de non-respect des mesures de prévention et de la lutte contre l’intensification du risque incendie.
Les propositions phares contenues dans la Proposition de Loi :
• Conditionner la mutation d’un terrain concerné par les OLD au respect de ces OLD sur ce même terrain (art. 9)
Comme l’explique le sénateur Burgoa, il fallait résorber l’injustice selon laquelle l’acheteur d’un bien non débroussaillé devait payer le bien ainsi que le prix du débroussaillement. Désormais, le coût du débroussaillement sera déduit du prix de vente du bien.
• Instaurer un droit de préemption des parcelles forestières sans document de gestion durable et présentant un enjeu au regard de la défense des forêts contre les incendies, au profit des communes (art. 22). Cela permettra aux communes de préempter une parcelle privée sur laquelle, les OLD ne seraient pas respectées.
• Instaurer une réduction de cotisations patronales pour les entreprises et administrations en contrepartie de la disponibilité de leurs employés et agents exerçant en tant que sapeurs-pompiers volontaires (art. 34)
• Mise en place d’un Crédit d’Impôt pour la réalisation des Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) lorsque qu’un particulier fait appel à une entreprise agréée.
Et aussi : les sénateurs ont obtenu la mise en place d’un dégrèvement de 50 % du malus écologique et de la taxe carburant payée par les casernes de Pompiers. Initialement demandé à hauteur de 100 %, le dégrèvement a été refusé par le Gouvernement qui n’acceptait un compromis avec le Sénat qu’en dessous de 50 %. Il s’agit là d’une avancée cependant conséquente pour les CODIS/SDIS de France.
Colonel hors classe Thierry CARRET, Directeur Départemental des Services d’Incendie et de Secours : « Il faut empêcher la propagation du feu au plus vite ».
La stratégie nationale de lutte contre les feux de végétation et de forêt vise à attaquer les départs de feu au plus tôt. En effet, une statistique illustre parfaitement cette stratégie.
Durant l’intersaison, les pompiers sont également occupés à travailler sur les légers dysfonctionnements afin d’améliorer chaque année le dispositif et le positionnement des moyens engagés. C’est notamment grâce au feu de Générac en 2019, que le dispositif est comme il l’est à l’heure actuelle. Cela a servi de cas d’école comme l’indique le Colonel.
Le détail de la stratégie et des moyens mis en place dans le Gard :
Une vraie doctrine est mise en place dans le département avec l’utilisation de camions sécurisés (équipés d’asperseur et de réserve en air). Ils servent de dernier refuge pour les Sapeurs-Pompiers en cas de danger face au feu.
Un plan d’équipement a été lancé en 2018 et a permis la mise en service de 80 camions sécurisés, la mobilisation de 500 hommes et femmes par jour et la location dès le début de la saison (mi-juin) de 2 Hélicoptères Bombardiers d’Eau.
Attaque des feux naissants :
• Anticipation
• Analyse météo
• Déploiement de groupes d’intervention
La doctrine s’explique notamment par le fait que les feux parcourent 500m en 15 minutes (2km / heure) et qu’il faut donc, durant ce premier quart-d’heure, les maîtriser par l’intervention des HBE avant même celle des camions.
Concernant les OLD, le Colonel Carret explique que leur application permet aux habitants d’assurer leur propre sécurité et pas seulement lorsqu’il s’agit d’habitation en zone forestière. En effet, des hautes herbes peuvent déclencher un feu de broussaille en cas d’étincelle.
Alexandre Pissas, Président du Conseil d’Administration du SDIS, Conseiller Départemental et Maire de Tresques : « L’année 2019 a été traumatisante pour tous et a permis au SDIS de travailler sur sa doctrine de dispositif préventif qui débute chaque année en juin. Cette année encore, le potentiel opérationnel journalier de garde est renforcé. Le dispositif sera exposé en présence de la Préfète du Gard le 21 juin à Portes. »