Marie-Françoise Lecaillon : « Je pars avec le sentiment du devoir accompli »
Arrivée en mars 2021 en tant que première femme Préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon sera remplacée le 21 août prochain par Jérôme Bonet. A l’occasion de sa dernière journée en Préfecture, Avenue Feuchère à Nîmes, la Préfète du Gard nous a accordé un entretien durant lequel, elle revient sur ses deux ans et demi dans le département.
TV Sud : Depuis votre arrivée en 2021 vous avez dû faire face à la crise sanitaire du Covid-19, aux feux de forêts, aux épisodes de sécheresse et d’innondations et plus récemment aux émeutes suite à la mort de Nahel. Qu’est ce qui vous aura le plus marqué durant ces trois années Avenue Feuchère ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Je vais retenir les 95% de mon temps de Préfète qui n’ont pas été pris par ces évènements, qui sont certes importants mais beaucoup d’autres dossiers de fond l’étaient également. En ce qui concerne les risques naturels, on m’avait prévenu que le Gard était un département à part, je ne suis pas déçue, le département est à la hauteur de sa réputation ».
TV Sud : Comment se sont déroulées ces deux ans et demi années ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Je souhaite rendre hommage au personnel de la Préfecture mais aussi aux Pompiers, Policiers et Gendarmes. C’est cette force collective qui permet de trouver les solutions.
Ces deux ans et demi auront été sportifs, il faut avoir une bonne santé mais c’est passionnant. Le Gard mérite d’être considéré avec de l’intéret. »
TV Sud : Vous êtes et resterez la première femme Préfète du Gard, est-ce que les regards ont changé entre votre arrivée et la fin de votre exercice dans le département ?
Marie-Françoise Lecaillon : « J’ai été la première Préfète de l’Allier, première Sous-Préfète de Cambrai, je n’ai pas vu de différence dans le Gard, mais c’est aux élus et aux personnes que j’ai côtoyé qu’il faut poser cette question ».
TV Sud : Quels sont les dossiers prioritaires pour les mois avenir dans le département ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Il y a bien sûr les dossiers déjà sur les rails tel que future prison, la prévention des risques incendies mais aussi la poursuite des projets de Fond Friche comme avec Carcaixent à Bagnols-sur-Cèze. Ainsi que le passage en phase opérationnelle des projets de l’opération Petites Villes de Demain.
Il appartient aux élus locaux de porter leurs projets auprès de mon successeur. Encore une fois, la Préfecture accompagne les élus mais ne fait pas le travail à leur place ».
TV Sud : Connaissiez vous Jerome Bonet, votre successeur, avant sa nomination ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Non, je ne le connaissais pas mais depuis sa nomination nous avons échangé à plusieurs reprises par téléphone ».
TV Sud : Comment avez-vous appris l’officialisation de votre départ à la suite du conseil des ministres du 13 juillet dernier ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Le 12 juillet au soir, le directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, m’a appelé pour m’informer que j’étais concernée par le renouvellement des Préfet(e)s lors du conseil des Ministres du jeudi 13 juillet.
TV Sud : Comment avez-vous vécu ce départ ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Ce départ, je le vis bien. C’est moi qui ai choisi de partir, alors même si je ne connaissais pas la date, je savais que ça arriverait. Et comme j’aime le dire, un poste de Préfet, c’est un CDD reconductible chaque mercredi (jour de conseil des Ministres et d’annonce du remplacement des Préfet(e)s). Après 40 ans de carrière au service de la République, je pars avec le sentiment du devoir accompli et en étant l’exemple parfait que la République est attentive à promouvoir les meilleurs. »
TV Sud : En sortant légèrement de votre rôle de Préfète que vous occupez encore pour quelques heures, est-ce que parmi les centaines de lieux que vous avez visité, il y en a un qui vous a marqué ? Ou dans lequel vous avez une anecdote particulière ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Je ne peux pas faire de différences entre les communes du département, ou alors il faudrait que je vous parle de chaque commune, une à une ! Le Gard est un département magnifique, pour moi c’est une « petite France » avec la mer, la montagne, un fleuve… C’est ce qui le différencie des autres départements, avec également des habitants fiers, attachés à leur territoire. Les camarguais, cévenols ou habitants du Gard rhodanien sont passionnés par leur terre.
Il y a du positif et du négatif dans cette passion mais c’est surtout du positif qui ressort de cet attachement des habitants dans leurs histoires et traditions locales ».
TV Sud : Et maintenant qu’allez vous faire ? Pourriez vous revenir dans le Gard ?
Marie-Françoise Lecaillon : « Je vais prendre ma retraite à Marseille. Ayant gardé des relations avec des personnes partout où je suis passée, bien sûr que je reviendrai dans le département. Ca me fera du bien de revenir en tant que citoyenne et de retrouver une forme de liberté ».