Deux lettres, deux appels à l’action pour la sécurité locale de la part de Jean-Yves Chapelet et Alexandre Pissas
Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau le 9 janvier 2025, Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols-sur-Cèze, décrit avec gravité la situation alarmante de sa commune face à la prolifération des réseaux de drogue. Ce fléau touche particulièrement les quartiers des Escanaux et de la Citadelle, où la sécurité publique est mise à rude épreuve, impactant directement la qualité de vie des habitants. Jean Yves Chapelet insiste sur le caractère professionnel de ces réseaux criminels, souvent venus de l’extérieur, rendant toute responsabilisation locale difficile.
Les initiatives locales et leurs limites
Depuis 2021, la ville de Bagnols-sur-Cèze a multiplié les efforts pour endiguer ce problème. Sous la coordination du vice-procureur de la République et du commandant de police divisionnaire, un Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) a été instauré. Ces actions ont permis des résultats significatifs, notamment des saisies importantes de stupéfiants et d’armes, ainsi que des arrestations. Malgré cela, l’élu bagnolais reconnaît les limites de ce dispositif, qui ne peut être reconduit que tous les six mois, alors que les trafiquants, eux, s’adaptent rapidement et déplacent leurs activités à proximité d’écoles, d’un EHPAD ou d’un centre médico-psychologique.
Les attentes vis-à-vis de l’État
Dans sa lettre, le maire appelle à un engagement fort et durable de la part de l’État. Il déplore un contraste frappant entre l’investissement de l’État dans le cadre du programme de renouvellement urbain des Escanaux et son absence dans la lutte contre le trafic de drogue. Pour M. Chapelet, il est impératif que la République réaffirme son autorité dans ces quartiers.
Il formule plusieurs propositions concrètes, notamment :
- Le renforcement des effectifs de la police nationale, afin d’assurer une présence dissuasive et recréer la confiance des habitants, conformément aux promesses du Groupe de sécurité et de proximité (GSP).
- La responsabilisation des consommateurs, car chaque gramme acheté finance des réseaux criminels.
- La création d’une task force de sécurité dédiée, afin de dépasser les limites du GLTD et de faire en sorte que le harcèlement provienne des forces de l’ordre et non des trafiquants.
Un appel à l’action directe
Jean-Yves Chapelet conclut sa lettre en invitant Bruno Retailleau à se rendre sur place pour observer de visu l’ampleur des défis auxquels sa commune est confrontée. Il insiste sur l’urgence d’une intervention immédiate pour restaurer l’ordre et la sécurité, non seulement à Bagnols-sur-Cèze, mais aussi dans toutes les villes moyennes confrontées à des situations similaires.
Jean-Yves Chapelet propose ainsi une initiative collective visant à rédiger et signer une tribune commune (pour que l’ensemble des maires de communes moyennes se sentant concernés aient la parole), afin de porter ensemble un message fort sur ce sujet préoccupant.
2. La démarche d’Alexandre Pissas, maire de Tresques
Le 6 novembre 2024, Alexandre Pissas, maire de Tresques, avait lui aussi interpellé Bruno Retailleau par lettre recommandée au sujet de l’installation de caméras de vidéoprotection. Dans son courrier, il rappelait que la commune, bien que petite avec ses 1 890 habitants, avait obtenu l’autorisation nécessaire pour ces dispositifs. Cependant, des contraintes budgétaires et administratives ont retardé leur mise en œuvre, malgré l’importance de ces équipements pour renforcer la sécurité sur le territoire.
M. Pissas a également demandé un accompagnement financier par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), mais la réponse tardait. Dans sa lettre de réponse, datée du 10 décembre 2024, le ministre de l’Intérieur a assuré qu’une étude approfondie du dossier serait menée par la directrice des entreprises et partenariats de sécurité et des armes, sans toutefois s’engager sur un financement immédiat.
Ces deux lettres, bien que portant sur des problématiques différentes, révèlent une préoccupation commune : l’urgence de renforcer les moyens dédiés à la sécurité locale dans le Gard rhodanien.