Gard rhodanien : Une sécheresse historique ? Pas tant que ça !
Ce vendredi 10 mars, la Préfète du Gard a annoncé en marge de la conférence « Accès à l’eau pour tous : le champ des possibles », le passage en vigilance de l’ensemble des cours d’eau du département. Appelant à un usage limité et intelligent de l’eau et ce jusqu’au 31 octobre 2023.
A cette occasion, TV Sud Magazine a enquêté sur l’état réel des réserves en eau dans le Gard rhodanien. Et cette sécheresse historique ne semble pas si historique que ça et bien plus encore ne concerne pas l’ensemble des indicateurs utilisés pour déterminer le passage en vigilance du territoire.
Avant de se pencher sur les données chiffrées et de les analyser, voici quelques informations nécessaires à la bonne compréhension du dossier qui suit :
La saison de recharge dans le Gard s’étend de Septembre à Mars.
La normale des précipitations durant cette période et depuis 1991 est de 702,2mm
Il existe trois types de sécheresses:
– Pluviométrique
– Agricole
– Hydrologique
Nous allons faire un bilan de l’état des trois sécheresses avant d’évoquer les pistes d’améliorations possibles et notamment le projet d’irrigation du terroir des trois châteaux (Vénéjan, Saint-Etienne-des-Sorts, Chusclan).
La sécheresse Hydrologique:
La sécheresse Hydrologique, se mesure grâce au niveau des nappes phréatiques, des lacs et des rivières.
A l’étude des données fournies par la BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), on peut se rendre compte d’une aggravation progressive de la situation et des réserves en eau contenues dans les nappes phréatiques. A Pont-Saint-Esprit, le niveau a notamment baissé de deux mètres en 10 ans. Cependant, la sécheresse actuelle n’est pas historique dans son niveau mais c’est la répétition des épisodes de sécheresses, depuis le début de cette période, qui rend la situation chaque année de plus en plus compliquée pour les consommateurs comme les agriculteurs.
La carte départementale d’état de sécheresse des nappes phréatiques montre une forte disparité à travers le département. Du côté du Gard rhodanien, Pont-Saint-Esprit a un niveau modérément bas, là où l’eau à Codolet est considérée comme étant à un niveau modérément haut. Et effectivement le niveau actuel à Codolet correspond à la saison de recharge 2019-2020.
L’inquiétude est vive du côté de Connaux où les nappes phréatiques atteignent déjà les niveaux de la sécheresse de 2022.
Et du côté de la Cèze et du Rhône ?
La Cèze amont à Montclus et la Roque sur Cèze connaît un niveau conforme aux normales de saison (0,4m), niveau équivalent à mars 2022, 2021 et 2020.
Idem pour la Cèze à Bagnols-sur-Cèze dont le niveau est légèrement plus bas que la normale mais correspond cependant aux niveaux des dernières années. Cette sécheresse n’a donc rien d’historique d’un point de vue hydraulique.
Mais alors qu’en est-il de la pluviométrie ?
Selon les dernières données de Météo France, sur la période de recharge de septembre 2022 à mars 2023, il y a effectivement un important déficit pluviométrique (207 mm) sur l’ensemble du département. Une nouvelle fois, de fortes disparités sont observées puisque, Pont-Saint-Esprit bénéficie d’une pluviométrie plus importante de 60mm par rapport à la moyenne du reste du département.
Si l’on compare, le niveau de pluviométrie de Pont-Saint-Esprit correspond à la pluviométrie moyenne de la commune durant les périodes de recharge des autres années.
Les précédentes sécheresses pluviométriques :
1967-1968 : 376,9 mm
1980-1981 : 383,9mm
1991-1992 : 376,3 mm
Un indicateur est cependant inquiétant, celui de la sécheresse agricole et de l’indice d’humidité des sols qui indique 0,72 sur l’ensemble du Gard contre 0,78 normalement prévu.
Mais comment expliquer cette sécheresse des sols ?
L’accumulation des épisodes de sécheresse, le réchauffement climatique et l’urbanisation des sols augmentant sensiblement la déperdition des eaux de pluie, explique l’inquiétude des services de la préfecture et des agriculteurs.
Mais quelle solution ?
A la fin du mois de Mars, un projet intercommunal entre Venejan, Saint-Etienne des Sorts et Chusclan va voir le jour. Ce projet nommé IT3C (Irrigation du Territoire des 3 Châteaux) aura pour objectif la réalisation et la gestion du réseau de distribution d’eau brute du futur projet d’irrigation par goutte à goutte d’un périmètre regroupant 43 propriétaires, 355 ha et 720 parcelles principalement de vignes, répartis sur les trois communes.
Rappel Planning Etudes
➢ Réponse de la Région sur l’AMI Etudes le 22 Fev 2019
➢ Subvention, par la Région et le Département, accordée en Mars 2019
➢ Etudes réalisées de Mars 2019 à mi-Oct 2019
Inauguration du projet le 31 mars 2023.
Les caves et domaines concernés:
Venejan:
Cave coopérative: 50 membres, 8 000 hl
► 3 caves particulières:
o Château Nuits des Dames
o Domaine de Saint Georges
o Domaine de Belle Feuille
► 290 ha de vignes dont environ 95 ha à irriguer
Saint-Etienne des Sorts:
Cave coopérative: 30 membres, 14 000 hl
► 2 caves particulières:
o Domaine de la Vieille Fontaine
o Domaine des Jonquiers
► 300 ha de vignes dont environ 190 ha à irriguer
Chusclan:
Cave coopérative Laudun-Chusclan Vignerons
► environ 70 ha à irriguer
Cépages principaux: Syrah, Grenache, Carignan
► Env 20 000 hl produits sur le périmètre
► Vrac et bouteilles
► AOC Côtes du Rhône
► AOC Côtes du Rhône Village
Le vignoble concerné souffre trop:
► Stress hydrique trop important générant une baisse de la qualité
et de la production
► Jeunes plans de vigne n’arrivant pas à passer la période de forte
sécheresse
► Dans les sols les plus arides, même les vieilles vignes meurent.
L’irrigation est devenue nécessaire au maintien d’une activité économique agricole soutenue et prospère,
permettant de développer l’emploi rural.