Carole Delga, Interview exclusive, « Un internat de 96 places bientôt créé à Bagnols-sur-Cèze »
L’équipe de TV Sud Magazine a pu rencontrer Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie dans un entretien exclusif autour de questions importantes sur le département du Gard et la politique régionale envers les territoires ruraux. La Présidente de la Région dresse également un point complet sur les travaux du Lycée Albert Einstein.
Madame la Présidente, quelles sont vos priorités en matière de développement des infrastructures de mobilité dans la région Occitanie ?
En Occitanie, nos deux budgets les plus importants sont l’éducation et les transports. Je
veux que les gens puissent rêver en grand, quelle que soit leur origine. Pour cela, il faut
pouvoir apprendre, s’ouvrir au monde et se déplacer. C’est aussi la crise climatique qui me
pousse à agir avec volontarisme. La transition écologique doit se faire avec les habitants, en
proposant des alternatives qui facilite la vie. C’est la raison pour laquelle depuis 8 ans, nous
agissons sur le prix du train avec des trajets qui ne dépassent pas 1€ pour les abonnés, la
gratuité pour les moins de 26 ans ou encore tous les trains à 1€ le premier week-end de
chaque mois. Résultats : les trains les moins chers de France sont en Occitanie et nous
avons doublé notre fréquentation en 8 ans. Ensuite, nous posons également une exigence
très forte pour que les trains soient à l’heure. SNCF assume désormais entièrement le coût
des retards, par des pénalités élevées, que nous reversons aux abonnés. Enfin, nous
investissons massivement dans le rail. C’est ainsi que nous avons réouvert la gare de
Bagnols-sur-Cèze ou la ligne de la Rive droite du Rhône. Cette dernière comptabilise plus de
75 000 voyages pour sa première année !
Comment comptez-vous favoriser l’utilisation des transports en commun et des
modes de déplacement doux pour réduire la dépendance à la voiture individuelle ? //
Quelles solutions envisagez-vous pour résoudre les problèmes de congestion routière
dans certains secteurs du département du Gard ?
J’agis pour aujourd’hui et pour demain. Aujourd’hui, nous proposons, comme je viens de
vous le dire, des trains moins chers, plus ponctuels et plus nombreux. Et ça marche, puisque
chaque jour, ce sont 80 000 personnes qui font le choix du train et j’espère atteindre
rapidement les 100 000. Pour demain, nous investissons pour notre jeunesse, afin de créer
très tôt l’habitude des transports en commun. En Occitanie, nous sommes les seuls à
proposer la gratuité pour les moins de 26 ans et les transports scolaires. Dès cette rentrée,
la gratuité est étendue aux 370 de lignes de cars liO pour les abonnés au transport scolaire.
Mais la voiture reste indispensable dans certains territoires, notamment dans les zones
rurales. On ne peut pas demander à une infirmière de prendre le train pour faire sa tournée,
pas plus qu’à un artisan. C’est pour cette raison que nous soutenons fortement l’acquisition
d’une voiture électrique, de même que d’un vélo.
Quels sont les programmes régionaux prévus pour moderniser les infrastructures de
transport en milieu rural ?
Depuis 2016, nous avons fait le choix d’investir fortement pour rénover les infrastructures,
pour sauvegarder ou rouvrir les lignes de train du quotidien. La Région mène son Plan Rail
de 1,6 milliard d’euros sur la période 2020-2030, coordonné avec l’Etat, pour garantir la
pérennité des « petites lignes » et rénover le réseau ferroviaire. La convention Région/SNCF
a également pour objectif très clair de rouvrir 5 lignes de trains dont la ligne Alès-Bessèges,
après la Rive droite du Rhône. Les Etats Généraux du Rail et de l’Intermodalité, grandes
consultations publiques menées par la Région dès 2016, ont montré l’attente forte des
territoires ruraux pour ces lignes.
En tant que présidente de la région, quelles initiatives soutenez-vous pour promouvoir
une agriculture durable et respectueuse de l’environnement ?
Elles sont nombreuses car toutes nos actions tendent désormais vers cet objectif. Entre
2016 et 2022, pour accompagner les agriculteurs, qui sont très volontaire et font un travail remarquable, la Région a triplé son budget dédié à l’agriculture pour développer un modèle à
la fois durable et capable d’assurer notre souveraineté alimentaire. Une de nos initiatives les
plus innovantes est la création des contrats d’agriculture durables pour accompagner les
agriculteurs de A à Z dans l’adaptation de leur exploitation à la transition agroécologique. A
travers ces contrats la Région finance, à hauteur de 1 500€ par agriculteur, un
accompagnement individuel sur 5 ans. Nous prévoyons d’atteindre le cap des 10 000
contrats signés d’ici 2027.
Comment comptez-vous encourager la consommation de produits locaux et de saison dans la région Occitanie ?
Nous le faisons déjà ! Dans nos lycées avec l’opération « L’Occitanie dans mon assiette »,
qui vise à intégrer jusqu’à 75% de produits bio et locaux, avec la centrale d’achat Occit’Alim
qui permet aux lycées de s’approvisionner en produits locaux, ou encore notre opération
« Bien Manger pour Tous » qui encourage les changements de pratiques favorisant le mieux
manger, à base de produits locaux et de saison. Plus largement, Sud de France-l’Occitanie
est la marque de promotion des produits d’Occitanie, garante de qualité et de la préservation
de savoir-faire locaux. Dans les supermarchés comme chez les commerçants de proximité,
vous avez désormais cette marque qui signale aux habitants que nous avons en Occitanie
de bons produits, accessibles à tous.
Comment envisagez-vous d’accompagner les jeunes agriculteurs dans leur installation et leur développement professionnel ?
Nous venons d’adopter un grand plan installation – transmission, qui comprend de fortes
mesures d’aide à l’installation, dont celle, inédites, d’un soutien appuyé aux jeunes
agricultrices. Elles peuvent bénéficier d’un bonus jusqu’à 2000€ parce que,
malheureusement, les banques ne leur prêtent pas aussi facilement qu’aux hommes. C’est
une première en France ! Dans 10 ans, près de la moitié des agriculteurs du pays prendront
leur retraite. Nous avons donc besoin de plus d’agriculteurs et d’agricultrices pour assurer
l’avenir de la ferme France. Ce plan régional offre une boite à outils complète pour les
porteurs de projet, avec des aides directes pour les jeunes agriculteurs mais aussi pour les
personnes de plus de 40 ans et un nouveau dispositif pour accompagner les transmissions
d’exploitations.
Comment allez-vous soutenir l’agriculture biologique et les filières agroalimentaires respectueuses de l’environnement dans la région ?
Elue meilleure Région bio d’Europe en 2022, notre action pour soutenir l’agriculture
biologique est déjà reconnue. Notre nouveau plan Bi’O, adopté en mars dernier, met l’accent
sur la production tout en soutenant la consommation de produits bio. Pour cela, nous avons
décidé de prolonger l’aide au maintien en bio, augmenter l’objectif de produits bio et locaux
dans les cantines des lycées ou encore l’organisation d’une semaine de la bio, pour rappeler
à nos habitants toute l’importance de ce type d’agriculture pour notre environnement et notre
santé.
Enfin, concernant les travaux du Lycée Albert Einstein, où en sont-ils et quels sont les projets à venir pour cet établissement clé de la partie ouest du département du Gard ?
Je vous l’ai dit, l’éducation est ma priorité. Je veux que les élèves puissent choisir leur voie
et leur métier. Je veux soutenir leur réussite, quels que soient leurs moyens et leurs rêves.
C’est la raison pour laquelle l’Occitanie est la Région française qui investit le plus pour sa
jeunesse. J’ai fait le choix de la rentrée la moins chère de France, avec un ordinateur pour
chaque lycéen, le matériel gratuit pour les apprentis et les transports scolaires gratuits. Nous investissons aussi fortement dans nos lycées pour le confort des élèves, des enseignants et
du personnel. Le lycée Albert Einstein en fait partie. Débuté en 2020, le projet d’ampleur de
restructuration et d’extension que nous menons dans cet établissement va améliorer de
manière significative la vie des lycéens et enseignants tout en réduisant les dépenses
énergétiques du site. La 1 ère phase de travaux a déjà permis la création d’une nouvelle
cafétéria, d’un foyer des lycéens ainsi que d’un bâtiment abritant notamment de nouvelles
salles de cours. Une seconde phase est actuellement en cours, qui permettra la création et
la restructuration de nombreux locaux. En 2024, 2025, puis 2026, nous allons continuer les
travaux pour la création d’un nouvel internat de 96 places, ainsi que des locaux pour le Greta
et le CFA. C’est un gros chantier pour ce lycée qui tient une place importante ! Je suis très
fière de cet engagement au service des jeunes gardois et de leurs familles.