Réunion publique à Pont-Saint-Esprit : la gendarmerie au cœur d’une polémique de sécurité et de responsabilité
Une réunion publique s’est tenue récemment à la salle des fêtes de la cazerne de Pont-Saint-Esprit pour faire le point sur plusieurs dossiers épineux de la commune, parmi lesquels la polémique autour de la construction de la nouvelle gendarmerie. Une affaire complexe marquée par des préoccupations de sécurité, des responsabilités partagées, et des décisions controversées.
Le 18 janvier 2022, la première pierre de la nouvelle gendarmerie était symboliquement posée, en présence de la Préfète du Gard Maire-Françoise Lecaillon. Cependant, quelques jours auparavant, des problèmes avaient déjà été soulevés par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) : le terrain en question présentait un risque élevé de ruissellement, rendant sa construction potentiellement dangereuse. En raison de ces risques hydrologiques, la DDTM avait exigé la construction de bassins de rétention pour protéger le site et la population alentour, un aménagement crucial pour réduire l’exposition aux inondations.
Les rapports alertent sur des risques non maîtrisés
Malgré les avertissements, le projet a avancé. Des réunions se sont succédées, chacun des acteurs tentant de minimiser ses responsabilités. Finalement, les gendarmes ont été installés dans un bâtiment de plain-pied, en plein axe de ruissellement. Un rapport confidentiel, daté du 8 juin 2023 et signé par le directeur général des services (DGS), rappelle que le projet aurait dû faire l’objet d’un dossier selon la loi sur l’eau. De plus, la notice hydrologique associée au permis de construire faisait référence à une étude datant de 2017, qui n’avait pas été finalisée, ni intégrée au plan local d’urbanisme (PLU).
Depuis 2018, la préfecture avait pourtant mis en garde contre les risques d’inondation et de ruissellement pour ce site. D’après une note du 22 novembre 2022, l’occupation de la gendarmerie s’est faite sans garanties suffisantes pour préserver les personnes en cas de crue. « En cas d’inondation, les gendarmes se retrouveraient pris au piège, dans l’impossibilité de sortir de la caserne ou d’intervenir », indique ce rapport, une situation que les élus de l’époque connaissaient.
Valère Ségal : « Une note qui me glace le sang »
Lors de cette réunion, le maire Valère Ségal a exprimé son indignation face à cette situation. « Cette note me glace le sang », a-t-il confié. Il évoque le choix controversé proposé à certains élus de l’équipe de l’ancienne maire Claire Lapeyronie de choisir parmi 3 hypothèses en fonction du risque pénal, une option qui, bien que présentant un risque pénal moindre en cas de crue, semblait faire fi de la sécurité des gendarmes et des habitants.
La question des travaux correctifs s’avère également lourde de conséquences. « Si nous entamons les travaux nécessaires, non seulement nous devrons rembourser les 770 000 euros de subventions, mais nous devrons aussi renoncer à des projets importants pour la commune, comme l’éclairage public et le nouveau collège », a précisé le maire.
Face à l’ampleur des problèmes, la municipalité a décidé de saisir le procureur de Nîmes en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale. Cette démarche, bien qu’inhabituelle, reflète la volonté de clarifier les responsabilités et de rendre justice dans une affaire qui pourrait impacter durablement les finances et le quotidien de la commune.
Des solutions coûteuses et des vies en jeu
Valère Ségal a souligné l’urgence de sécuriser la gendarmerie, notamment à travers la construction de bassins de rétention, un projet estimé entre 8 et 10 millions d’euros. « L’actualité immédiate nous oblige à toujours plus de prudence face aux épisodes de pluie de plus en plus fréquents. Je refuse que la vie d’une seule personne soit mise en danger », a-t-il affirmé.
Pour le maire, cette affaire révèle « des ambitions personnelles et des volontés politiques » qui ont pu mettre en péril la sécurité de la population. Une position ferme qui témoigne d’une prise de conscience tardive mais déterminée de la municipalité face à un « fiasco » aux conséquences lourdes pour Pont-Saint-Esprit.
La réunion publique s’est achevée dans un climat tendu, les habitants se montrant divisés entre inquiétudes pour la sécurité de la gendarmerie et questionnements sur l’impact budgétaire des travaux à venir.