BAGNOLS/CEZE: Une cérémonie du 8 mai sous le signe de l’Europe et de la Paix
Le 8 mai 1945, s’achevait près de six années d’une guerre de terreur et de douleur. Les français se retrouvaient dans la rue pour célébrer la fin de la guerre mais aussi pour pleurer les disparus. Alors à l’heure où la guerre revient aux portes de l’Europe et où le terrible son des bombardements n’a jamais été aussi proche il est de notre devoir à tous de perpétuer le souvenir et la mémoire de la guerre qui a touché si durement notre pays pendant dix longues années entre 1914 et 1945.
Le cortège composé des porte-drapeaux, des élus, des représentants des forces de l’ordre s’est formé place Mallet avant de se rendre au Monument aux Morts. Où l’esplanade Maurice Aurelle a été inaugurée en présence de sa petite fille Michèle Lardeau. Cette dernière a fait part de son émotion d’être présente pour cette inauguration en hommage à son grand-père, dans un court discours emplis d’émotions. Elle a ensuite repris quelques vers du célèbre poème de Paul Eluard “Liberté”.
Maurice Aurelle né en 1889 et combattant de la liberté a été un héros à plusieurs reprises. Déjà lors de la première Guerre Mondiale il fut blessé à deux reprises à Verdun. A chaque fois il revint au combat à l’issue de sa convalescence. Cela lui a valu deux citations ainsi que la Médaille Militaire et la Croix de Guerre.
Admiratif de Pétain durant la première Guerre, il ne supportait pas la collaboration en 1940. Dès 1941 il s’installe à Bagnols-sur-Cèze avec sa femme Margueritte, Avenue Paul Langevin. A l’âge de 52 ans, il s’implique activement dans la résistance clandestine.
Le 1er mars 1944 il est arrêté et désigné comme étant un directeur politique influant et socialiste pouvant devenir un chef de contestation rouge. D’abord interrogé sous la torture à la prison des Baumettes, il est déporté le 3 mars 1944 en Allemagne. Il ne reviendra à Bagnols que le 4 juin 1945 après la libération des camps de concentration allemands.
Nommé maire de la commune par un collectif bagnolais, il préfère laisser la fonction à son ami qui occupé déjà la place de maire pendant son absence Henri Jeanjean.
Maurice Aurel ne parlait jamais de son rôle dans la résistance alors que des documents retrouvés dans la maison familiale ont permis d’établir qu’il était Capitaine des Forces Françaises de l’Intérieur. Il a par ailleurs reçu à cette époque la médaille de la Résistance, la Légion d’Honneur et a été fait grand Palme de la Croix de Guerre. Puisque cette dernière lui avait été remise lors de la première Guerre Mondiale. Il était qualifié de magnifique soldat par ses supérieurs.
Après une intervention du Colonel David sur la Légion d’Honneur et son institution par Napoléon, Christian Beaume, a pris la parole pour rappeler qu’il ne faut pas laisser tomber dans l’oubli ce qu’il s’est déroulé pendant ces 10 années de guerre totale. “N’attendons pas pour faire notre devoir de transmission” a -t-il invité les personnes présentes.
Il ne faut pas oublier d’où nous venons, oublier ce serait vivre dans le danger. Il faut également construire et amplifier l’Europe de la mémoire a-t-il conclus.
Après la lecture de la lettre de la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, Geneviève Darrieussecq. Appelant à se souvenir “du combat acharné des armées françaises et des armées alliées sur tous les fronts, des Français Libres qui n’ont jamais cessé la lutte, du courage des résistants de l’intérieur, de chaque Française et Français qui a refusé l’abaissement, de cette armée des lumières dans l’obscurité.” Le traditionnel dépôt de gerbes a eu lieu.
Le cortège s’est reformé pour quitter l’esplanade Maurice Aurelle et se rendre au Square Thome pour la seconde partie de la cérémonie.
Jean Claude Mougenot, Président de l’Association des Anciens Combattants a pris la parole pour rappeler les images qui restent gravées dans la mémoire des Anciens Combattants et qui doivent rester gravées dans la mémoire collective.
L’image des français mobilisés, l’image de la guerre et des batailles comme celle de Dunkerque, l’image de l’armistice, l’image de Churchill qui a la volonté de se battre contre les nazis, l’image de la bataille de Stalingrad, l’image du débarquement de Normandie en Juin et de celui de Provence en août. Autant d’image qu’on ne doit pas oublier.
Enfin Jean Claude Mougenot lance un appel à la Paix.
Dans sa prise de parole, Jean-Yves Chapelet accompagné par le maire de Newburry Billy Drummond, a souligné l’importance de ces cérémonies et du rôle de l’Europe dans le maintien du souvenir.
Jean-Yves Chapelet a interpelé les bagnolais présent avec une première phrase choque: “A quel moment l’Europe s’est-elle foutue en l’air ?” “D’une si grande identité européenne on en revient aujourd’hui aux identités nationales” prévient-il. Après un mot sur le Brexit qualifié de victoire du repli identitaire, il a dénoncé l’individualisme qui triomphe en Europe.