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SAINT-ETIENNE-DES-SORTS : Un dispositif d’irrigation pour sauver la viticulture locale

Voici une coupure de ruban en accord parfait avec l’actualité. En effet, au lendemain du discours d’Emmanuel Macron, présentant le “Plan Eau” à Savines le Lac, le projet IT3C a été inauguré à Saint-Etienne-des-Sorts, l’occasion pour la Préfète Marie-Françoise Lecaillon d’appeler à la sobriété dans les usages de l’eau.

Le projet en chiffres et dates clés:

Octobre 2017 – Recensement des viticulteurs intéressés

Octobre 2018 – Appel à manifestation d’intérêt

2019 – Validation du dossier par la Région

Octobre 2019 – Passage de l’ASL en ASA

Mai 2020 – Demandes de subvention
2021-2022 – Travaux de réalisation du projet

Ce sont au total 46 propriétaires dont 10 femmes et 15 jeunes viticulteurs répartis sur 3 communes (Saint-Etienne-des-Sorts, Chusclan et Vénéjan) qui vont bénéficier du dispositif pour 800 parcelles sur une surface de 400 hectares.

Le coût du projet est de 3.1M€ HT subventionné à 80% comme suit : Fonds Européens FEDER 31%, Région Occitanie 24% et Département du Gard 25%. La partie restante (20%) est répartie entre les 46 propriétaires.

Pierre Gérus, président de l’ASA IT3C et pilote du projet, rappelle que “l’irrigation est indispensable à la survie de la viticulture” et le sera encore plus avec le changement climatique qui va se poursuivre. Pas d’inquiétude cependant avec ce projet puisque l’irrigation ne servira pas à gagner en rendement mais seulement à maintenir la production normale de la vigne.

A noter que les viticulteurs sont limités à 1000m3 d’eau pompés par hectare et par an. L’objectif est de régénérer la vie dans le sol avec un apport de matière organique et d’une irrigation maitrisée. Les viticulteurs en parallèle de cet arrosage mieux maitrisé s’engagent aussi à réduire l’utilisation de pesticides et à favoriser la culture de cépages résistants.

Pierre Gérus conclut en indiquant l’urgence d’agir et la nécessite d’anticiper les prochaines sécheresses qui entrainent une perte de qualité du vin.

Face aux freins législatifs, notamment concernant l’interdiction d’irrigation de la vigne qui bénéficie chaque année d’une dérogation, ce projet test pourrait à terme permettre de réformer le secteur avec des données chiffrées.

L’eau est au cœur de l’actualité et comme le précise Magali Saumade, présidente de la Chambre d’Agriculture, l’accès à l’eau est l’enjeu numéro 1 des années à venir avec en toile de fond la question de la pérennité agricole et du maintien de la souveraineté nationale.

Face aux détracteurs de ces projets, Magali Saumade répond en rappelant que les viticulteurs et plus généralement les agriculteurs effectuent depuis 2018 des économies d’eau et ne gaspillent pas l’eau, ils s’en servent pour nourrir la population.

Maire de Saint-Etienne-des-Sorts au début du projet, Didier Bonneaud souligne sa fierté de voir un projet “porté par une poignée d’irréductibles”, rendant hommage à Louis Chinieu (ancien maire de Chusclan) et Bruno Tuffery (ancien maire de Venejan) également engagés avec force et détermination dans ce projet fédérateur.

Dans le Gard rhodanien, l’agriculture représente une grande partie des 9 000 entreprises. Raison pour laquelle, selon Jean-Christian Rey, président de l’agglomération, “ce projet d’irrigation est un projet économique vital pour que la viticulture puisse continuer à produire et employer”. En ce début d’année 2023 et alors que le ravitaillement en eau potable par camions citerne a couté 300 000€ à l’agglomération le mot présent sur toutes les lèvres est celui du “collectif”.

L’ensemble des élus présents partagent le constat de la nécessité de monter des projets de territoire, collectifs et de renforcer les liens inter-communaux.

Bérengère Noguier, conseillère départementale du Gard, élue sur la canton d’Uzès et en charge de la stratégie climatique du département souligne “l’exemplarité de la gestion technique du projet qui est un véritable exemple de la prise de conscience de la rareté de l’eau”.

La députée de la 3e circonscription du Gard, Pascale Bordes évoque “la vulnérabilité des ressources et de l’accessibilité à l’eau pourtant reconnues par l’ONU comme un droit de l’homme”, droit pas encore effectif selon la déutée. Pascale Bordes insiste sur l’importance maintenir un accès à une eau quantitative et qualitative et sur le risque de conflit d’usage de l’eau. La députée appelle à agir pour limiter le risque de disparition à très court terme de la viticulture dans le Gard rhodanien.

La préfète Marie-Françoise Lecaillon est revenue sur l’année 2022 difficile annonçant que 2023 s’annonce encore avec un déficit du rechargement des nappes phréatiques et des retenues d’eau inquiétantes. Le défi de cette année sera de faire en sorte collectivement de maintenir un accès constant à l’eau potable.

Enfin la Préfète a rappelé l’importance pour les gardois de répondre à la grande consultation sur le futur arrêté cadre sécheresse.

Et aussi: Un autre projet similaire est en phase d’étude avec l’association “Les Porteurs d’Eau” de Lirac qui a pour objectif d’accompagner la mise en œuvre et le développement d’un réseau d’irrigation dans le Gard rhodanien dont la finalité est de mettre l’eau brute à disposition du vignoble et des autres cultures voisines qui sont fortement impactées par le changement climatique et voient leur pérennité menacée. Un projet de grande ampleur soutenu par l’agglomération du Gard rhodanien.

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