Gorges de l’Ardèche : une nouvelle espèce et un comptage record dans les grottes de la réserve

Les entrailles de la Réserve naturelle nationale des Gorges de l’Ardèche continuent de livrer leurs secrets.
Deux découvertes récentes viennent enrichir la connaissance de ce milieu fragile et fascinant : la possible reconnaissance d’une nouvelle espèce cavernicole et une progression encourageante des populations de chauves-souris.
Un crustacé témoin de l’histoire géologique ?
Parmi les habitants méconnus des grottes ardéchoises, un petit crustacé isopode, Sphaeromides raymondi, intrigue les scientifiques. Découvert en 1897 dans la grotte de la Dragonière, il a également été observé dans l’Hérault en 1950 et dans le Lot en 2003. Fait remarquable : les études géologiques montrent que ces trois populations sont isolées les unes des autres depuis plus de deux millions d’années. Proche cousin des isopodes géants des abysses, ces impressionnantes créatures pouvant atteindre 50 cm et peser jusqu’à 1,7 kg, Sphaeromides raymondi pourrait fournir de précieuses informations sur l’évolution et la formation des gorges de l’Ardèche. Des prélèvements sont actuellement en cours afin d’analyser son ADN et déterminer si ces différentes populations constituent, en réalité, des espèces distinctes.
Les chauves-souris reprennent possession des lieux
Autre bonne nouvelle pour la biodiversité souterraine : le comptage hivernal des chauves-souris dans la grotte de Saint-Marcel révèle une dynamique très positive. Organisé chaque année par le Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche (SGGA) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), ce suivi a recensé 200 Rhinolophes euryales, 89 Petits rhinolophes et 49 Grands rhinolophes. La progression du Rhinolophe euryale est particulièrement spectaculaire : alors qu’aucun individu n’était recensé en 2012, ils sont aujourd’hui 200 ! Cette expansion est directement liée aux aménagements réalisés en 2017 dans le cadre d’un contrat Natura 2000, visant à restaurer l’ouverture naturelle de la grotte. Une réussite qui confirme l’importance de la conservation et du suivi des milieux souterrains, en étroite collaboration avec spéléologues, archéologues et naturalistes.
Ces découvertes rappellent combien les grottes de la réserve sont des sanctuaires de biodiversité et des témoins de l’histoire géologique. Elles incitent à poursuivre les recherches et les efforts de protection pour mieux comprendre et préserver ces écosystèmes uniques.