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Laudun l’Ardoise : une stèle dévoilée au cimetière du camp de Saint-Maurice, en hommage aux 31 enfants harkis retrouvés enterrés sur place

Ce mardi 24 septembre 2024 restera une date importante dans les mémoires des familles des 31 victimes enterrées au cimetière du camp de Saint-Maurice, à Laudun l’Ardoise.

Ce camp, tristement célèbre, qui a fermé ses portes en 1976, faisait partie de la seconde génération des camps de transit après la guerre d’Algérie. Ouvert le 29 octobre 1962, il a compté jusqu’à 5 500 hommes, femmes et enfants, emprisonnés dans des conditions dépassant l’entendement.

Parmi les événements marquants, l’hiver 1962-1963, marqué par la rigueur et par les conditions d’hébergement déplorables. Au total, ce sont 72 enfants qui ont été hospitalisés entre décembre 1962 et janvier 1963. Les tentes et baraquements voguaient sur une mer de boue, racontent les survivants de l’horreur.

Entre la tuberculose, le froid et les différentes épidémies, 31 corps ont été enterrés sur place dans un cimetière improvisé et surtout non déclaré. Ce site, retrouvé en 1979, est retombé dans l’abandon durant 40 ans. C’est en 2019 qu’il a été à nouveau découvert par une famille de harkis. Des fouilles archéologiques ont alors été lancées par les services de l’État. Plus récemment, en mars 2023, 27 tombes ont été retrouvées.

Parmi les 31 corps, un seul adulte, retrouvé mort en novembre 1962 et immédiatement enterré au sein du cimetière. Les autres sont des enfants, pour la majorité mort-nés ou très jeunes (moins de quatre ans).

Cette cérémonie de dévoilement de la stèle, qui s’est tenue en présence du préfet du Gard, Jérôme Bonet, a été l’occasion pour ce dernier de s’exprimer au nom de l’État français et d’expliquer que cette cérémonie est un premier pas pour guérir les blessures du passé, un acte qui n’est cependant pas suffisant pour refermer les plaies ouvertes à jamais par la mort de ces enfants. De leur engagement dans la Grande Guerre en 1914, jusqu’à la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale, sans oublier leur choix de défendre la France et de se sacrifier en 1954, le préfet du Gard, Jérôme Bonet, rappelle que l’accueil qui leur a été réservé n’est pas à la hauteur de ceux qui ont consacré huit ans de leur vie à combattre pour la France, qui ont abandonné leur famille pour cela et qui sont victimes d’un second abandon au travers du camp de Saint-Maurice, à Laudun l’Ardoise.

Jérôme Bonet rappelle que l’État s’était engagé à ériger une stèle sur le site du cimetière. Un lieu qui pourra accueillir dès demain les journées de commémoration.

Jérôme Bonet souligne que l’État avance vers les familles, au travers d’un travail de longue haleine, un travail qui sera poursuivi jusqu’à offrir à ces 31 corps une sépulture digne de ce nom, ici ou ailleurs, cela dépendra de la volonté des familles.

Le préfet du Gard a conclu son discours en indiquant que l’histoire des harkis, c’est aussi celle de la France, c’est notre histoire.

Parmi les familles de harkis présentes sur place, Mohamed se souvient. « J’ai perdu ma fille au printemps 1963. Dans ce camp, mon autre fille, présente aujourd’hui à mes côtés, a failli mourir. Certes, c’est très bien de faire cette stèle, mais cela arrive un peu tard. Ça fait plus de 60 ans qu’on attend, il était temps que ça arrive », confie Mohamed, la voix remplie d’émotion.

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