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Commémoration du 19 mars à Bagnols-sur-Cèze : un hommage empreint d’émotion et de mémoire

La cérémonie du 19 mars à Bagnols-sur-Cèze, marquant le 63ᵉ anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, s’est déroulée ce mercredi à 18h. L’absence remarquée du maire de Bagnols-sur-Cèze, Jean Yves Chapelet, victime récemment d’un accident de la circulation, a été soulignée avec regret en ouverture de la cérémonie par la FNACA et les élus présents.

Une mémoire toujours vive

Jean-Louis Bouchon, nouvellement élu président de la FNACA Bagnols-sur-Cèze a ouvert la cérémonie par la lecture de la lettre du 19 mars 2025, rappelant le poids de cette date dans l’histoire de la France. Il a évoqué le cessez-le-feu du 19 mars 1962, qui n’a pas toujours été respecté, et le parcours difficile des jeunes hommes envoyés dans cette guerre qui n’a été officiellement reconnue qu’en 1999.

“Enfants de la guerre, nous sommes devenus des hommes de guerre, appelés, engagés, maintenus… Nous n’étions pas majeurs, nous n’avions pas le droit de vote. Sous le regard fataliste des familles, nous partions pour une guerre qui n’existait pas officiellement.”

Ces paroles ont résonné avec gravité, rappelant le sacrifice consenti par ces jeunes soldats, souvent oubliés dans la mémoire collective.

Un devoir de transmission

La cérémonie a également rendu hommage aux victimes civiles et militaires de cette guerre. Jean-Louis Bouchon a insisté sur le rôle essentiel des acteurs de cette guerre dans la transmission de la mémoire aux jeunes générations :

“Notre rôle aujourd’hui est de nous adresser à la jeunesse, de leur passer le flambeau pour qu’ils soient nos ambassadeurs dans la construction de la France de demain, dans un monde de dialogue, de tolérance et de paix. Avant que le rideau de l’oubli et de l’ignorance ne tombe.”

Un hommage officiel et solennel

Après ce discours, Christian Baume, adjoint au maire et représentant du Souvenir Français, a lu la lettre de Patricia Miralles, ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants. Cette lettre a réaffirmé l’importance de cette journée de souvenir et de recueillement, soulignant plusieurs points essentiels :

Patricia Miralles a d’abord rappelé dans sa lettre que « le cessez-le-feu du 19 mars 1962, mettant fin officiellement à huit longues années de guerre ». Cependant, « la fin des combats n’a pas immédiatement apporté la paix ». La ministre a évoqué « un avenir », à l’époque « incertain, marqué par la douleur et la crainte, mais aussi par une lueur d’espoir ».

Dans ce texte lu par Christian Baume, la Ministre a souligné que « le 19 mars n’a pas signifié la fin des souffrances. Pour beaucoup, cette date a marqué le début d’un exil intérieur et d’une nouvelle période de drames. Les blessures de la guerre ont continué de marquer silencieusement les corps et les esprits, dans une forme de douleur muette et persistante ».

Sans oublier « le difficile retour des appelés dans une France qui ne les reconnaissait plus vraiment. Après avoir combattu dans un conflit nié pendant des années, ces jeunes hommes ont dû se battre pour faire reconnaître leur engagement et leurs droits », souligne Patricia Mirallès.

Un hommage particulier a été rendu aux Harkis, soldats fidèles à la France, souvent abandonnés à leur sort après la guerre, et aux pieds-noirs, contraints à l’exil. La ministre a rappelé le poids du non-dit et de l’indifférence qui a suivi leur déracinement, une souffrance longtemps ignorée par la société française.

Elle a également évoqué le sort des victimes civiles, tombées sous les balles ou les bombes, et des familles brisées par la guerre. Ces vies marquées par l’absence et la douleur imposent un devoir de mémoire :

“À tous ceux-là, à toutes ces vies brisées, à toutes ces existences amputées, nous devons mémoire.”

La prise de parole de Maxime Couston

Lors de la seconde partie de la cérémonie, qui s’est déroulée au square Thome, Maxime Couston, premier adjoint, a pris la parole pour indiquer « je refuse l’oubli et l’indifférence. L’oubli est une seconde mort.”

Maxime Couston a salué la mémoire des appelés du contingent, ces jeunes hommes envoyés en Algérie sans comprendre les causes ni les enjeux de cette guerre :

“Arrachés à leur jeunesse, envoyés dans la boue des montagnes d’Algérie et la chaleur d’une terre qui n’était pas la leur, la France vous a envoyés là-bas, et à votre retour, elle vous a laissé seuls. Vous avez payé le tribut de jeunes corps brisés.”

En tant que premier adjoint, Maxime Couston a également eu une pensée émue pour les Harkis, abandonnés par la France après le cessez-le-feu :

“Vous, les Harkis, abandonnés par la France quand le vent a tourné, méprisés par celle que vous aviez choisie. La faute ne s’efface pas, la responsabilité est la nôtre d’avoir le courage de dire ce que vous etiez : vous n’étiez pas des traîtres, mais des hommes d’honneur.”

Maxime Couston a également rendu hommage à Maurice Soulier, ancien président de la FNACA décédé en 2024, qui a incarné la mémoire et le respect des anciens combattants :

Un dépôt de gerbes a également eu lieu en hommage aux morts, dans un silence recueilli. Cette cérémonie du 19 mars à Bagnols-sur-Cèze a réaffirmé l’importance de la mémoire collective et du respect dû à ceux qui ont combattu et souffert dans cette guerre, trop longtemps restée dans l’ombre.

Rémi Fagnon

A tout juste 22 ans, le benjamin de l'équipe Rémi a fait du journalisme son terrain de jeu favori ! Vêtu de son costard cravate, ses lunettes teintées, un carnet, un stylo et dégainant son appareil photo à la moindre occasion, Rémi mène l’enquête, avec une ténacité légendaire. C’est aussi un féru de journalisme sportif, pour qui le Tour de France, les matchs de foot et le sport automobile n’ont aucun secret. Son talent caché : lors d’une interview téléphonique, à peine a-t-il raccroché, que son article est déjà prêt.

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