A la UneActualitésBagnols-sur-CèzeCultureEconomieLaudun L'ArdoisePont-Saint-Esprit

Vers la création d’un Parc naturel régional des Garrigues !

À l’initiative de Xavier Gayte, maire de La Capelle-et-Masmolène, une réunion capitale est organisée ce samedi 5 avril au Pont Saint-Nicolas. Tous les maires concernés par le projet de Parc Naturel Régional (PNR) des Garrigues y sont conviés, aux côtés des représentants des chambres consulaires. L’objectif : poser les bases de la création d’une association de préfiguration, première étape vers la naissance d’un Parc naturel régional.

Un projet longuement étudié

Avant d’en arriver à ce stade, deux études – l’une en 2018 menée par le Syndicat des gorges du Gardon, l’autre en 2023 portée par le PETR Uzège-Pont du Gard – ont permis d’évaluer le potentiel du territoire. Ces études ont conclu que les Garrigues, riches de leur biodiversité, de leur patrimoine et de leurs savoir-faire, répondent aux critères d’un Parc naturel régional reconnu à l’échelle nationale, voire internationale.

Place à l’association de préfiguration

La création d’un PNR suit un processus précis. Après les études d’opportunité et de faisabilité, il faut créer une association de préfiguration. Celle-ci est chargée d’élaborer une charte de développement du territoire à 15 ans, un document de référence comparable à un SCOT (Schéma de cohérence territoriale). Cette charte sera soumise à avis, puis chaque commune devra délibérer pour valider ou non son adhésion. Si elle est favorable, la commune rejoindra ensuite un syndicat spécifique qui remplacera l’association. L’objectif est de constituer ce syndicat d’ici trois à quatre ans.

Une large adhésion… mais un blocage majeur

Aujourd’hui, sur les 81 communes concernées par les études, 49 ont voté pour l’adhésion, 15 ont voté contre et les autres ne se sont pas encore prononcées. Huit autres communes, bien qu’extérieures au périmètre d’étude initial, ont déjà voté en faveur de leur intégration. Le projet semble donc largement soutenu. Pourtant, un point de blocage subsiste : la commune d’Uzès.

Alors qu’elle avait voté pour en 2018, la ville a changé de position en 2023, en se prononçant contre son adhésion à l’association de préfiguration. Une décision qui freine l’implication du Conseil régional et du Conseil départemental, tous deux conditionnant leur soutien à l’accord d’Uzès, en plus d’un vote favorable de plus de 50 % des communes – seuil déjà atteint avec 73 % d’avis favorables.

« Uzès est aujourd’hui le point de blocage à cause de cette exigence posée par la Région », déplore Thierry Astier, maire de Pouzilhac. « C’est une erreur : on ne retrouve une telle condition dans aucun autre Parc naturel régional. »

Une démarche sans engagement définitif

Bruno Julien, président de l’association Les Amis du Parc naturel régional des Garrigues, tient à rassurer : « Être dans l’association de préfiguration ne signifie pas adhérer définitivement au futur Parc. » Xavier Gayte ajoute : « C’est un peu comme payer pour voir. Une commune peut participer à la préfiguration, puis choisir de ne pas adhérer au Parc au final, et inversement. »

Un levier de développement local

Avec 60 Parcs naturels régionaux en France, l’outil a fait ses preuves. Il associe élus, citoyens, chambres consulaires et associations pour construire un projet commun de territoire, alliant préservation de l’environnement et développement économique. « C’est un outil local et participatif », souligne Bruno Julien. Artisanat, tourisme durable, agriculture, circuits courts, valorisation forestière… les retombées sont nombreuses.

La création du Parc permettrait notamment à chaque commune de percevoir une dotation annuelle 12 000 euros sans compter les dotations de l’État et de l’Union européenne, de quoi largement couvrir les frais d’adhésion à l’association.

Un programme d’actions déjà prêt

Le projet ne manque pas d’ambition. Une quarantaine d’actions sont déjà envisagées si le PNR voit le jour : développement de la filière bois (quasiment inexistante à ce jour), relance de l’élevage avec l’introduction de caprins et d’ovins pour entretenir les garrigues, valorisation du patrimoine en lien avec la labellisation “Ville d’art et d’histoire” d’Uzès, perspective d’un label “Pays d’art et d’histoire” pour le territoire. Sans oublier l’entretien des paysages agricoles, notamment les vignes, souvent à l’abandon, qui défigurent certains secteurs.

Répondre aux inquiétudes des opposants

La municipalité d’Uzès avance plusieurs arguments contre le projet : crainte de contraintes environnementales, coût supposé élevé, complexité administrative. Xavier Gayte réfute ces affirmations : « Un PNR n’impose aucune règle contraignante, contrairement à un parc national. Il ne bloque pas les projets, il les accompagne. Et sur le plan financier, il génère six fois plus de recettes qu’il ne coûte, grâce aux financements extérieurs. »

Quant à l’accusation de “millefeuille administratif”, il rappelle que le futur parc pourrait fusionner avec des structures existantes comme les PETR ou le Syndicat mixte des gorges du Gardon. « Je comprends que ça soulève des questions, mais il y a des réponses. »

“Ne pas laisser mourir ce projet”

Pour Thierry Astier, le projet est à un tournant : « Il faut convaincre, accompagner les réticents, ne pas laisser mourir ce projet. » Samedi, les élus du territoire ont rendez-vous pour décider, ensemble, de l’avenir des Garrigues. Un avenir où, selon le slogan du projet, « une autre vie est possible ici ».

Rémi Fagnon

A tout juste 22 ans, le benjamin de l'équipe Rémi a fait du journalisme son terrain de jeu favori ! Vêtu de son costard cravate, ses lunettes teintées, un carnet, un stylo et dégainant son appareil photo à la moindre occasion, Rémi mène l’enquête, avec une ténacité légendaire. C’est aussi un féru de journalisme sportif, pour qui le Tour de France, les matchs de foot et le sport automobile n’ont aucun secret. Son talent caché : lors d’une interview téléphonique, à peine a-t-il raccroché, que son article est déjà prêt.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page