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Pont-Saint-Esprit : résiliation de la convention pour le futur collège – un débat tendu et des perspectives floues

Lors du conseil municipal de Pont-Saint-Esprit, tenu le 27 novembre 2024, la décision de résilier la convention avec l’Établissement Public Foncier Occitanie (EPFO) a suscité de vifs échanges parmi les élus. Cette convention, signée en 2018 et assortie de plusieurs avenants, avait pour objet l’acquisition d’un terrain destiné à la construction d’un nouveau collège. En jeu, un projet d’envergure de 30 millions d’euros porté par le département, auquel la municipalité a finalement décidé de renoncer, invoquant des contraintes financières insoutenables. Retour sur des débats passionnés qui reflètent les divergences sur la gestion de l’avenir éducatif de la commune.

Un projet lourd, une décision controversée

Le maire, Valère Ségal, a ouvert la discussion en rappelant le contexte ayant conduit à cette résiliation. Depuis 2018, la commune portait la charge d’acquérir le terrain, évalué à plus de 3,1 millions d’euros, pour le céder ensuite au département. Or, l’addition des coûts liés au projet, incluant des aménagements nécessaires (voirie, bassin de rétention, salle de sport, démolition de l’ancien collège), faisait craindre une dérive budgétaire. Selon lui, ces dépenses auraient fait basculer la ville dans une dette excédant 12 années d’endettement dès 2028, conduisant potentiellement à une mise sous tutelle préfectorale.

« Nous sommes favorables à la construction d’un nouveau collège, mais pas au prix d’un surendettement qui hypothéquerait l’avenir de notre commune », a-t-il affirmé, soulignant que le rôle de financer le terrain devrait revenir au département. L’argument a été appuyé par Karine Bommenel, adjointe aux finances, qui a précisé que la commune dispose actuellement de 5 millions d’euros de trésorerie, mais que poursuivre ce projet nécessiterait un emprunt supplémentaire de 4,5 millions d’euros, aggravant une situation déjà tendue.

Les critiques de l’opposition

L’opposition, représentée notamment par Christophe Antunes et Emmanuel Le Pargneux (« Pont d’Abord » et « Renouveau Spiripontain »), s’est montrée sceptique face à cette décision qu’ils jugent précipitée. Christophe Antunes a questionné les chances de trouver une solution alternative : « Quel est le délai réaliste pour obtenir un soutien du département ? Si nous abandonnons ce projet, ne risquons-nous pas de voir les 30 millions d’euros d’investissement redirigés vers une autre commune ? »

Emmanuel Le Pargneux a exprimé son incompréhension quant à l’absence de chiffrage concernant la rénovation du collège existant : « Nous comprenons la nécessité d’assainir les finances, mais où va la commune ? Les Spiripontains ont besoin de réponses claires et d’une vision à long terme. »

Pierre Meurin, également élu du « Renouveau Spiripontain », a pointé du doigt le manque d’études sur les alternatives possibles, notamment la rénovation écologique du collège Georges Ville. « Arrêter un projet est une chose, mais il faut une stratégie de remplacement. Les 30 millions d’euros prévus par le département pourraient être orientés vers une réhabilitation si nous proposions un projet crédible. »

Des tensions sur l’héritage du projet

Le débat a également révélé des désaccords sur la gestion passée de ce dossier. Valère Ségal a critiqué l’ancien exécutif, accusant la municipalité précédente de n’avoir pas suffisamment négocié pour réduire le prix du terrain, payé trois fois sa valeur initiale. Des propos réfutés par Christophe Antunes, qui a rappelé que les prix de vente avaient été fixés par les services des Domaines, laissant peu de marge de manœuvre à l’époque.

Claire Lapeyronie, ancienne maire et actuelle présidente de l’EPFO, s’est abstenue de participer au débat pour éviter tout conflit d’intérêts.

Un vote sous tension

La délibération a été adoptée avec une seule voix contre, celle de Christophe Antunes, et six abstentions, illustrant les divisions au sein même du conseil municipal. La majorité municipale a insisté sur la nécessité de prioriser les compétences communales, comme la rénovation des écoles existantes, au détriment d’un projet jugé hors de portée financière.

Valère Ségal a assuré que des discussions seraient engagées avec le département pour explorer d’autres pistes, tout en précisant que « la construction d’un collège relève de la compétence du département, pas de la commune. »

Un avenir incertain pour le projet

Au-delà du vote, la question du collège reste en suspens. Le département, qui attend un terrain depuis 2012 pour démarrer les travaux, pourrait envisager d’implanter l’établissement dans une commune voisine, comme Saint-Paulet-de-Caisson. Une hypothèse jugée peu probable par le maire : « Cela nécessiterait un va-et-vient de 14 bus par jour, une solution peu viable pour les élèves. »

De leur côté, certains élus de l’opposition craignent que cette décision ne fasse perdre une opportunité d’investissement majeure pour la commune. Pierre Meurin a proposé de revoir les chiffres et d’engager un dialogue constructif avec le département pour envisager une rénovation moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement.

La question du financement local en toile de fond

Ce débat met en lumière les tensions profondes entre ambition éducative et contraintes budgétaires. Si la majorité défend la résiliation comme un choix nécessaire pour préserver l’équilibre financier de la commune, l’opposition alerte sur le risque de voir la ville passer à côté d’un projet structurant et sur les risques judiciaires auxquels la commune pourrait être confronté.

« Pour l’heure, la municipalité prévoit de consacrer les ressources économisées à la rénovation des écoles et des infrastructures locales. Mais l’abandon du projet de collège laisse un vide, tant sur le plan éducatif que stratégique, que les élus devront combler pour répondre aux attentes des Spiripontains », selon l’opposition.

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