Météo : un phénomène rare de Trou de Virga observé dans le ciel du Gard rhodanien

Ce samedi matin, dans le ciel du Gard rhodanien et autour de Bagnols-sur-Cèze, plusieurs témoins ont observé un phénomène atmosphérique fascinant : un trou de virga — aussi appelé fallstreak hole ou cavum dans le jargon météorologique. Voici un panorama de ce phénomène, ses causes, son caractère rare, et ce que cela suggère pour l’atmosphère locale.
Qu’est-ce qu’un trou de virga ?
Un trou de virga est une cavité circulaire (ou parfois elliptique) dans une couche nuageuse d’altitude, sous laquelle on peut observer des traînées de virga — des précipitations (gouttes ou cristaux) qui ne parviennent pas à atteindre le sol, s’évaporant avant leur descente complète.
Le terme virga désigne précisément ces traînées : des gouttes ou cristaux « tombant » à partir du nuage mais qui se dessèchent ou s’évaporent avant de toucher le sol.
Dans l’Atlas international des nuages, le trou de virga est classé sous le nom de cavum (depuis la version 2017).
La formation d’un tel trou se produit souvent dans une couche nuageuse mince (altocumulus, cirrocumulus) composée de gouttelettes en surfusion (c’est-à-dire liquides même à température très basse) et éventuellement de cristaux de glace. Si un arrêt subit de cette couche se produit — par exemple sous l’effet d’un avion — certaines gouttelettes se congèlent (grâce à des noyaux glacigènes ou par perturbation), déclenchant une réaction de cristallisation. Les nouveaux cristaux puisent alors dans les gouttelettes environnantes (effet Bergeron) et tombent, laissant un « vide » dans le nuage.
Autrement dit : on assiste à une « conversion » très localisée d’une portion du nuage, libérant une ouverture nette dans la couche nuageuse.
Observations sur ce samedi — ce que l’on peut dire
Voici quelques éléments probables sur ce que les témoins ont pu observer :
- Le trou de virga était visible dans une couche nuageuse d’altitude raisonnable, laissant apparaître une cavité circulaire voir ovale.
Il est probable (bien que non confirmé) qu’un avion ait traversé la couche nuageuse, déclenchant localement la congélation des gouttelettes et l’amorçage du trou. Ce mécanisme est fréquemment évoqué dans la littérature sur les cavum.
Signification et rareté du phénomène
Le trou de virga est un phénomène assez rare dans notre ciel quotidien. Il ne nécessite pas des conditions extrêmes — juste une combinaison assez fine de :
- une couche nuageuse contenant des gouttelettes en surfusion,
- une perturbation locale (par exemple un passage d’avion),
- des conditions de température et humidité qui favorisent l’évaporation des précipitations avant qu’elles ne touchent le sol (pour produire la virga),
- une fine épaisseur du nuage pour que l’ouverture soit visible.
Quand tous ces éléments se combinent, le résultat visuel est spectaculaire — un trou net dans le ciel, avec des « mèches » sous le nuage.
Pour les observateurs de nuages et les passionnés de phénomènes atmosphériques, c’est un cadeau rare : une belle occasion de contempler la complexité de l’atmosphère en action.
Ce que cela témoigne pour l’atmosphère locale
L’apparition d’un tel phénomène suggère plusieurs choses :
- L’atmosphère avait une couche nuageuse stable en altitude, susceptible de contenir des gouttelettes en surfusion.
- L’humidité, la température et les caractéristiques de la couche nuageuse se prêtaient à la formation de virga.
- Il y a eu une perturbation locale — peut-être un avion — déclenchant la cristallisation partielle du nuage.
- L’air sous le nuage était suffisamment sec pour que les gouttelettes ou cristaux en chute ne puissent atteindre le sol.
Bien qu’il s’agisse d’un phénomène photogénique, cela ne signifie pas nécessairement de conditions météo instables ou menaçantes : c’est avant tout un effet de finesse entre microphysique du nuage et déclencheur local.



