Un paravent unique d’Albert André et Francis Jourdain entre dans les collections du musée de Bagnols

Un chef-d’œuvre inédit vient d’être acquis par la Ville de Bagnols-sur-Cèze, en partenariat avec la Conservation départementale du Gard : un paravent réalisé à quatre mains par Albert André et Francis Jourdain, figure décorative du modernisme des années 1920. Présenté lors d’une conférence de presse, ce trésor d’art décoratif, issu de la prestigieuse collection Georges Besson, est désormais exposé dans la salle de conférence du musée Albert-André, place Mallet.
C’est une œuvre rare, inédite même, qui vient enrichir les collections publiques du musée Albert-André. Réalisé en 1926 à la demande de Georges Besson, critique d’art et mécène incontournable du XXe siècle, ce paravent est la seule pièce connue à avoir été réalisée conjointement par Albert André, peintre emblématique du post-impressionnisme, et Francis Jourdain, artiste et décorateur parisien engagé dans les débats esthétiques et sociaux de son temps.
« C’est le premier objet décoratif d’Albert André qui entre dans les collections de Bagnols. C’est aussi un chef-d’œuvre unique, puisque c’est la seule collaboration attestée entre les deux artistes », a souligné un représentant de la Conservation départementale, saluant une acquisition « tout à fait cohérente avec l’identité du musée ».
Un objet à forte portée symbolique et patrimoniale
L’histoire de ce paravent est intimement liée aux figures fondatrices du musée : Albert André, son fondateur Léon Alègre, puis Jacqueline Bret-André – fille adoptive d’André devenue Jacqueline Georges Besson – et enfin Georges Besson lui-même. Ce dernier l’avait commandé pour son appartement parisien. Conçu par Francis Jourdain, le cadre en acajou accueille une broderie imaginée par Albert André. Il ne s’agit pas d’une tapisserie, mais bien d’une broderie réalisée à partir d’un « carton » préparatoire, un procédé rare chez le peintre.
On y retrouve les thèmes chers à Albert André : des figures féminines dans un cadre champêtre, des compositions florales baignées de lumière. Le raffinement du bois d’acajou, sobre et élégant, révèle quant à lui l’esthétique moderniste de Jourdain, adepte de la rationalisation des formes et du mobilier accessible au plus grand nombre.
Une œuvre précieuse et inaliénable
L’œuvre, transmise de main en main après le décès de Georges Besson, avait été donnée par Jacqueline Besson à un particulier. Ce dernier a choisi de la mettre en vente en décembre dernier. Grâce à la vigilance des services de la conservation, la Ville de Bagnols a pu se porter acquéreur dans des délais resserrés. Le montant de l’achat, bien qu’évoqué comme « raisonnable » (autour de 2 000 euros), n’est pas l’essentiel : « Ce n’est pas un prix qui compte ici, c’est la valeur culturelle et patrimoniale. »
L’œuvre est désormais intégrée de manière définitive aux collections publiques. En tant qu’objet entré dans un musée de France, elle est déclarée inaliénable, ce qui signifie qu’elle ne pourra plus jamais être revendue. « C’est une responsabilité collective », a insisté un membre de l’équipe municipale. « L’argent public doit servir à construire un patrimoine pour tous. »
À découvrir tout l’été au musée Albert-André
Sorti des réserves spécialement pour la présentation, le paravent est actuellement visible dans la salle de conférence du musée, où il sera exposé tout l’été. « C’est aussi ça, la force publique : la capacité à préserver, à transmettre, à sacraliser ce qui constitue notre culture. »
Cet été, les visiteurs du musée pourront donc admirer cette œuvre rare, témoin d’une collaboration inédite et précieuse entre deux grandes figures de l’art du début du XXe siècle. Une occasion de redécouvrir Albert André, non seulement peintre, mais aussi créateur aux multiples facettes.
Musée Albert-André, place Auguste-Mallet, Bagnols-sur-Cèze
Paravent André-Jourdain à découvrir dès maintenant dans la salle de conférence.
Ouvert tout l’été – Entrée libre