Un nichoir pour faucons pèlerins installé aux Escanaux : une solution naturelle contre les pigeons et étourneaux

Perché à près de 50 mètres de hauteur sur la célèbre tour des célibataires du quartier des Escanaux, un nichoir un peu particulier vient d’être installé. Son objectif : accueillir un couple de faucons pèlerins et, par leur simple présence, réguler naturellement la population de pigeons et d’étourneaux, véritables fléaux pour la ville.
Ce projet est né d’une discussion, il y a quelques années, entre Nicole Sage, conseillère municipale déléguée au Patrimoine, et Agnès Boutonnet, membre du comité des Sages.
« Nous parlions des problèmes récurrents d’oiseaux dans la ville, raconte Nicole Sage. Agnès m’avait dit avoir lu un article sur des nichoirs à faucons pèlerins installés dans certaines villes pour lutter contre les pigeons. L’idée nous a plu. »
Un projet mené avec la LPO
Le duo s’est alors rapproché de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), et plus précisément de Monsieur et Madame Tuloup, référents sur le territoire. Ceux-ci ont confirmé la faisabilité du projet, d’autant que des faucons pèlerins avaient déjà été observés dans la dent de Signac, non loin de là.
« Il fallait un point haut, entre 40 et 70 mètres, sans fenêtres en dessous pour ne pas déranger les oiseaux, explique Agnès Boutonnet. La tour des célibataires cochait toutes les cases, avec une façade orientée vers le Ventoux et sans ouverture. »
Une installation technique et soignée
Le nichoir, conçu en bois marine pour résister aux intempéries, repose sur une structure métallique fabriquée par un ferronnier et un menuisier spécialisés dans ce type d’aménagement.
« Il fallait que ce soit solide, étanche et sans impact sur la toiture », précise Nicole Sage.
L’opération, autorisée par Habitat du Gard – propriétaire de l’immeuble – a nécessité la signature d’une convention en 2024. Le coût global du projet s’élève à environ 2 000 euros.
Le nichoir a été posé fin septembre 2025. Pour l’instant, il ne reste plus qu’à attendre.

Un pari sur la nature
Les faucons pèlerins, espèces protégées et aujourd’hui bien réimplantées en France, nichent généralement au printemps. Leur présence en ville, déjà observée dans une centaine de communes comme Toulouse, Albi ou Carpentras, permet de réguler naturellement pigeons et étourneaux, sans recourir à des campagnes d’effarouchement coûteuses et temporaires.
« Ils ont tout ce qu’il faut ici : un abri en hauteur et le “restaurant” juste en dessous, sourit Agnès Boutonnet. On espère qu’un couple viendra s’y installer prochainement. »
Le faucon pèlerin, prédateur efficace et fidèle à son site de nidification, revient généralement chaque année au même endroit pour se reproduire.
Un projet complémentaire à la lutte actuelle
Cette initiative complète les campagnes d’effarouchement menées par la police municipale sous la coordination de Christian Baume, adjoint à la sécurité.
« L’idée n’est pas d’introduire un prédateur, mais d’offrir un habitat à une espèce présente naturellement dans la région. C’est une démarche écologique, approuvée et suivie par la LPO », insiste Nicole Sage.
Vers une meilleure cohabitation en ville
Au-delà de cette installation, les deux femmes profitent de l’occasion pour appeler les habitants à participer à la lutte contre les nuisances :
« Beaucoup de pigeons nichent dans les greniers laissés ouverts en centre-ville, rappelle Agnès Boutonnet. Si chacun fermait ses combles, on réduirait considérablement les populations. »
Et demain ?
Si le pari est réussi, la Ville envisage d’autres installations, à condition de trouver des bâtiments suffisamment hauts.
« On aimerait même installer une caméra pour suivre discrètement la vie du nichoir, explique Nicole Sage. Ce serait un formidable outil pédagogique et symbolique : voir la nature reprendre sa place, au cœur de Bagnols.



